Comme tous les ans à la mi-octobre, le Mondial du Lion était le théâtre, il y a quelques semaines, de l’émergence de la nouvelle génération internationale de chevaux de concours complet. Depuis 2017, une autre compétition a vu le jour en parallèle de ces Championnats du Monde : Les Espoirs du Complet. C’est sous cette bannière que les Stud-Book Selle Français et Anglo-Arabe se sont regroupés pour proposer un championnat de France réservé aux chevaux de 3 ans pré-destinés à la discipline du Concours Complet. Organisé conjointement avec l’association régionale Cheval Pays-de-la-Loire, cet événement voit son succès et son attrait commercial s’amplifier d’année en année.
Mais quels sont les critères sur lesquels nos juges se basent pour procéder à leur évaluation ? Quelles qualités sont recherchées ? Comment préparer son jeune cheval en amont ? Nos 3 juges experts de ce championnat répondent !
Serge Cornut
« La première image, dès le début de l’atelier de saut en liberté, a de l’importance. La manière dont il se déplace, même au pas, lorsqu’il rentre dans le rond de saut en liberté, son modèle, sa légèreté. La première image est importante, ensuite on décortique selon des critères précis. Concernant son fonctionnement, un cheval de complet est un vrai athlète, il doit donc avoir une locomotion qui attire l’œil, avec un trot aérien, une certaine amplitude, qu’il se tienne bien dans le trot. Au niveau du galop, on regarde s’il est léger, si c’est un chat lorsqu’il galope. Lorsque le cheval commence à sauter, on regarde sa rapidité au sol, s’il se débrouille. Un cheval de complet ne doit pas avoir peur de se brûler et doit être rapide dans ses gestes. Est-ce qu’il est réactif ? Est-ce qu’il se bouge ? Ce sont des expressions comme celles-ci qui doivent me frapper pour m’approcher des meilleures notes.
Pour en revenir aux allures, il ne faut pas négliger le pas, c’est très important en dressage. Je dois voir au moins 3/4 foulées avec de l’engagement, une mécanique à 4 temps. À noter que la qualité de la présentation sur l’atelier des allures et du saut monté est non négligeable, ainsi que le choix du présentateur.
Concernant le championnat en lui-même, on voit de plus en plus de public et d’intérêt. C’est vraiment positif ! »
Jean Pierre Cosnuau
« Pour commencer, je juge systématiquement à l’aveugle. Je ne regarde ni les origines ni les courants de sang.
Je vais rechercher le déplacement, même dès le départ au saut en liberté. Comment il se meut, son engagement, son équilibre, l’amplitude évidemment, et je me pose tout de suite la question : « Est-ce que c’est un cheval que j’aurais voulu monter lorsque j’étais cavalier de complet ? » Est-ce qu’il a du sang ? Est-ce qu’il a de la trempe ? C’est ça qui m’importe au départ.
Ensuite, au niveau des aptitudes, je préfère un cheval rapide dans son exécution, sans parler de précipitation évidemment. Je vais rechercher sur l’obstacle les même critères qu’un cheval de CSO mais je vais être plus exigeant et plus sévère sur l’équilibre, qui me semble être l’un des points les plus importants chez le cheval de complet. En sachant tout de même que l’équilibre chez le cheval de complet est moindre sur l’arrière-main que le cheval de CSO ou de dressage. Je tolère un équilibre un tout petit peu plus horizontal, qui va faciliter l’amplitude. Je regarde bien sûr également le look, si le cheval est fin dans son modèle et son attitude.
Je pense que ce Championnat a beaucoup d’avenir car on sent un intérêt et un investissement grandissants. »
Hubert Esnault
« Un futur cheval de complet doit correspondre au type complet. Un certain look, des allures qui correspondent à la discipline, un peu de taille et d’amplitude, un trot avec un temps de suspension intéressant. Il ne faut pas oublier que la note est importante dès le dressage en concours complet, il faut être bon dans cette première discipline pour être au classement final donc les allures sont très importantes. Nous cherchons globalement les mêmes qualités que pour toute autre discipline chez le jeune cheval, à savoir le respect et le mental, mais c’est un peu plus compliqué de trouver de vrais chevaux de complet parce qu’il y a beaucoup plus de critères. La manière dont il se déplace est importante dès le début du championnat de 3 ans, dès l’atelier de saut en liberté. L’évaluation évolue ensuite mais si ce premier sentiment est très positif, c’est en général de bon augure pour la suite.
J’apprécie particulièrement ce championnat car la complicité entre les juges par rapport à nos spécificités à chacun est vraiment chouette. Nous parlons le même langage donc les synthèses sont très faciles »
Rendez-vous à l’automne 2023 pour la prochaine édition des Espoirs du Complet. Qui succèdera à Junior des Loges ?
